Deux jours, une nuit // Du grand cinéma
Lorqu’on est d’origine liégeoise, on ne peut pas rester insensibles face au cinéma des frères Dardenne. « Les Frères », comme on les appelle près de Seraing, la ville de leur enfance, celle par laquelle tout a commencé, celle qu’ils ont révélée aux yeux du monde à travers de leur regard de cinéastes, celle qu’ils ont fait l’exploit d’inviter sur le red carpet. Leur oeuvre n’a de cesse de mettre en lumière une réalité sociale contemporaine, loin de toute forme de légèreté mais pourtant (si) proche de nous. Une réalité qui peut rebuter les amateurs d’un cinéma d’évasion mais qui fait réfléchir. Un univers poignant qui est devenu leur marque de fabrique, démontrant la cohérence de leur travail maintes fois récompensé par leurs pairs. Deux jours, un nuit, leur dernier long-métrage était l’un des grands favoris de cette 67e édition du festival de Cannes. Hélas, les Frères, déjà doublement palmés à Cannes (Rosetta et L’Enfant), ne peuvent ramener la Palme en bassin liégeois à chaque nomination… Peu importe, ça ne gâche nullement le plaisir de leur donner rendez-vous dans les salles obscures!
J’ai eu la chance de découvrir Deux jours, une nuit lors d’une projection avec l’équipe du film et d’une séance de questions-réponses. Un moment intense, un discours passionné du casting, qui donnent envie de porter aux nues l’histoire de Sandra, magistralement incarnée par une Marion Cotillardnaturelle comme jamais (à peine maquillée, filmée caméra à l’épaule, en plans serrés sur le visage), belle dans l’adversité, belle malgré les larmes qui coulent, belle dans le regard de Manu, son mari (l’acteur belge Fabrizio Rongione) qui la soutient inlassablement dans sa lutte pour conserver son travail. Coups durs et moments d’espoir s’enchaînent, sans jamais que Jean-Pierre et Luc Dardenne ne portent de jugement sur les choix des différents personnages. Au spectateur de se faire sa propre opinion, de faire preuve d’empathie. « Tourner avec les frères Dardenne a été une de mes plus belles expériences » a avoué l’égérie Dior sur le plateau du Grand Journal. Des déclarations réitérées dans maintes interviews. Celle qui, grâce au succès de La Môme, devint la seule actrice au monde à cumuler César, Oscar, Bafta, Golden Globe pour un même rôle, semble vouer une admiration sincère au talent des Frères. Nous aussi! Et si vous profitiez du jour férié de demain pour filer au ciné?
Photos: Alerte à Liège // (Sublime) musique: Petula Clark – La nuit n’en finit plus.