Christian Wijnants SS16 // Interview
Parmi les créateurs belges, Christian Wijnants est l’un de mes chouchous. Evidemment, j’aime ses créations. Mais j’aime aussi l’homme, sa finesse, sa gentillesse, sa grande douceur. Pour le quotidien Le Soir, j’avais eu l’occasion de l’interviewer à plusieurs reprises après ses shows durant la Fashion Week, comme après la présentation de sa collection FW15, inspirée par l’artiste japonais Fujita. Toujours, il est fidèle à lui-même. Après plusieurs mois très chargés, notamment dû à l’ouverture de son premier point de vente à Anvers et la préparation d’un e-shop, le lauréat 2013 du prestigieux International Woolmark Prize a pris la décision de ne pas défiler cette année mais de présenter sa collection SS16 en showroom, un superbe espace dans le Marais. L’occasion de l’y retrouver et de lui poser quelques questions…
« Je voulais quelque chose de très aérien, de très frais dans les couleurs. Il y une idée de « unraveled », soit effiloché, presque non fini. Des franges également, de la maille assez souple, du denim. Le tout très volatil, estival. La collection est assez minimale, très féminine. J’ai vraiment apprécié de visiter l’Atelier Brancusi, ici, à Paris. Brancusi est un artiste roumain. J’ai beaucoup aimé l’atelier en lui-même, qui a été reconstitué au Centre Pompidou, ses sculptures et l’utilisation de matières très contrastées. Ma collection reprend cette idée du contraste, de la superposition, de choses pas finies avec, également, des éléments qui scintillent. »
« Je collabore depuis trois saisons avec Swarovski, pour The Swarovksi Collective. On utilise chaque fois les pierres Swarovski d’une manière très différente. Les collections précédentes, on a fait beaucoup de crochet, du travail à la main, où on intégrait les cristaux Swarovski à la maille. Cette fois-ci, on les a utilisé intégrés avec l’idée de taches presque animales. J’aime aussi l’idée que ce soit assez simple, qu’on voit les pierres tout en restant sobre. On retrouve également l’idée de transparence et de légèreté, avec des pièces poids plume. »
« Je commence par une envie, ou plutôt une émotion, quelque chose d’assez abstrait. Ensuite, je travaille sur un moodboard et là, parfois, il y a une référence à un artiste qui s’ajoute ou quelque chose d’assez concret. Mais, au départ, c’est plutôt quelque chose d’émotionnel. »
« Oui, c’était un gros challenge. Ce n’est pas quelque chose d’évident: on travaille généralement avec les tissus, les fils, la maille, les matières. Tout à coup, on se retrouve avec des murs, des contraintes architecturales. C’est très différent. On a beaucoup travaillé sur les matières: j’aimais l’idée d’avoir un mélange de ces dernières, plus nobles et plus techniques. On a collaboré avec un architecte suédois, Andreas Bozarth Fornell, qui s’occupe souvent des boutiques Acne Studios. J’aimais beaucoup son travail et ça m’a beaucoup inspiré. Lorsque nous nous sommes rencontrés, ça a très bien matché. Mon travail l’a également touché. Collaborer de cette manière a vraiment été une très belle expérience. »
« C’était un peu par hasard mais, en fin de compte, à Anvers, car je voulais vraiment ouvrir ma boutique à Anvers, il n’y a pas beaucoup de rues où il y a ce mélange entre mode et magasins d’antiquités. J’aimais bien ce quartier-là justement pour ce mix: ce n’est pas qu’un quartier de shopping et c’est également un quartier en train de bouger. Lorsqu’on a trouvé la boutique, qui était un ancien magasin d’antiquités japonaises, son jardin m’a également beaucoup inspiré. Une petite oasis de verdure à l’arrière du point de vente. »
« L’e-shop va être lancé mi-octobre. C’est un autre projet important, avec l’idée d’avoir la collection complète et disponible pour le monde entier. On a des clients à l’autre bout de la planète qui n’ont pas forcément l’occasion de voir ou d’acheter la collection là où ils habitent. C’est très chouette d’avoir ainsi une clientèle qui peut être plus large. On avait, en tous les cas, pas mal de demandes dans ce sens. »
« C’est clair que le défilé est toujours un moment intense en émotions mais, en même temps, ne pas défiler permet de travailler sur des rendez-vous privés ou encore un très chouette photoshoot. Les gros projets de la saison, c’était vraiment la boutique et l’e-shop. Ainsi que nos quatre collections par an, bien sûr. Le défilé, ça aurait été un peu trop pour cette saison, vu la taille de l’équipe (-ndlr- 12 personnes). On va certainement défiler au mois de mars, comme d’habitude, pour la saison FW16-17. »
Photos: Alerte à Liège // Flagship Store Christian Wijnants: Steenhouwersvest 36 à 2000 Anvers.