L’Eau d’Issey City Blossom // Rencontre avec Alberto Morillas
Lancé il y a (déjà) plus de 20 ans, l’Eau d’Issey est devenu un grand classique de la parfumerie. Si la version originelle est un succès qui ne se dément pas, la fragrance phare du célèbre créateur japonais Issey Miyake se réinvente régulièrement au gré d’éditions limitées. Dernière en date, l’Eau d’Issey City Blossom.
Annoncée pour début mars, cette eau de toilette, que j’ai découverte la semaine passée en avant-première, est une ode au printemps imaginée par Alberto Morillas, l’un des nez les plus courus au monde. Pour Issey Miyake, celui à qui l’on doit Must de Cartier, CK One de Calvin Klein ou encore Essence Eau de Musc de Narciso Rodriguez, a créé une fragrance printanière sous le signe de l’éclosion. Les jours rallongent. Les fleurs envahissent la ville et s’y épanouissent. C’est léger, frais, pétillant. Le freesia et le magnolia apportent leur touche à ce jus enjoué. Comme le Cèdre blanc naturel de Virginie et les notes puissantes de l’ambrox et du musc blanc.
Pour illustrer cette allégorie printanière, Issey Miyake a invité Mademoiselle Maurice, jeune artiste plasticienne née en 1984, à partager son univers fait d’origamis colorés, collés les uns à côté des autres pour aboutir à des installations éphémères et pleines de poésie. Lors de la présentation de l’Eau d’Issey City Blossom, j’ai eu l’occasion d’admirer Mademoiselle Maurice à l’oeuvre. Patience et passion étaient au rendez-vous! Une passion, évidemment, ressentie également en ayant la chance de poser quelques questions à Alberto Morillas. Interview!
« Des essais, il y en a toujours trop (rires). Beaucoup, beaucoup, beaucoup d’essais! C’est toujours comme ça. Il faut créer beaucoup d’essais pour être sûr de l’équilibre des notes. Le parfum, c’est comme une mélodie : il y a un début et une fin et il ne faut pas que l’ensemble soit ennuyeux. Il y a ce plaisir comme une rivière qui coule. Pour y parvenir, il faut essayer beaucoup beaucoup d’équilibres dans la note. »
« Ah, non! Oui, il y a une évidence qui apparaît mais on veut toujours vérifier si on ne peut pas faire plus. Et la difficulté, c’est quand, parfois, vous allez trop loin : vous perdez l’idée. C’est comme la cuisine : il faut savoir mettre chaque élément ensemble pour que ce soit harmonieux au moment où on le déguste. Parfois, on est tenté de dire « Et si je mettais plus de safran? Et si je mettais plus de poivre? ». Souvent, ça déséquilibre tout. »
« Oui. On répertorie tout. On garde toutes les petites fioles. On jette celles où on a exagéré, pour lesquelles on est sûr que ça ne va pas. Et on garde les étapes. Après, moi, je sens toujours en aveugle et souvent, ce n’est pas la dernière modification qui est la meilleure. Donc je garde toujours mes essais et je les sens numérotés. La parfumerie, c’est une science qui est empirique. Il faut essayer. Vos essais sont dans la tête mais il faut essayer pour vérifier. Parfois, on rêve « Si on mélange ça avec ça, cela va être très beau » et puis, en essayant, on se rend compte que ce n’est pas le cas. Mais il faut oser essayer. C’est comme la danse, il faut créer un mouvement, essayer de créer quelque chose d’inattendu. Quelque chose qu’après, on maîtrise. »
Photos: Alerte à Liège – Edition limitée l’Eau d’Issey City Blossom disponible à partir du 1er mars – Mademoiselle Maurice.